Quentin Tarantino, le réalisateur de "Kill Bill 2" dont les images piratées ont été montrées mardi lors d'un colloque sur la piraterie avant sa projection au Festival de Cannes, a déclaré qu'il est content que ses films soient piratés en Chine.
"La piraterie ce n'est pas à 100% noir et blanc pour moi", a dit le cinéaste américain et président du jury de cette 57ème édition qui s'ouvre mercredi. "Mes films n'ont jamais été autorisés en Chine, même si on y a tourné trois mois pour +Kill Bill+, a-t-il souligné. Je suis content que les Chinois le piratent. Au moins ils le verront".
"En 1995, j'étais à Pékin où je me croyais inconnu. Je me promenais dans la rue, lorsqu'un étudiant m'a abordé. Il avait vu tous mes films sur des copies pirates venues du Japon".
"Dans ce cas, je préfère être vu et je me fous de l'argent," a dit Quentin Tarantino, en blue jean et chemise noire.
Il a précisé que lui-même n'est pas tout blanc. "J'ai acheté des copies pirates des frères Shaw (dont des extraits figurent dans +Kill Bill+) parce que je ne pouvais pas trouver les films légalement".
"Dans les années 80, je voulais voir à tout prix +El Topo+, un film-culte d'Alexandre Jodorovsky. C'était impossible. Finalement, il y avait une copie, de copie, de copie de copie japonaise. C'était comme voir un film à travers un aquarium. J'étais fou de joie d'avoir cette copie merdique".
Le réalisateur de "Pulp Fiction", Palme d'or il y a dix ans, a souligné que, bien sûr, le cinéma "c'est du business. Un tas de gens y consacrent leur vie. Les films coûtent de plus en plus cher. Et ce sont ceux qui travaillent aux échelons les plus bas qui risquent de souffrir de la piraterie".
"On est obligé maintenant de sortir le même jour dans le monde entier. Et il faut courir à travers la planète, un jour en Allemagne, un jour en France", dit-il.
Intéressant comme témoignage.