Edmond
de Stuart Gordon
avec William H. Macy, Julia Stiles, Joe Mantegna…
Policier americain d’après David Mamet (2005)
La voyante l'avait prévenu : "Vous n'êtes pas à votre place." Cette simple phrase résonne dans l'esprit d'Edmond, quadragénaire sans histoire, comme une terrible prise de conscience : et si c'était vrai ? et si une vie nouvelle l'attendait loin de son confort bourgeois ? C'est décidé : Edmond fait le grand saut et quitte sa femme en lui déclarant froidement qu'il ne l'aime plus. Se sentant enfin libre, il plonge dans l'inconnu : il erre dans les quartiers mal famés de la ville et découvre le marché du sexe...
Toutes les vedettes qui jouent dans ce film ont eux-mêmes proportionnellement réduit leurs cachets afin d’accommoder le budget, très serré, de Stuart Gordon. Mais ils tenaient tous à faire partie du projet. David Mamet était jeune, en colère, et en instance de divorce, il y a vingt ans, lorsqu’il écrivit ce scénario provocateur. C’est une ébullition de violence terrible, à la fois physique et morale. Edmond a des monologues de plusieurs pages sous lesquels on sent s’agiter une telle furie sauvage que ça fait brutalement peur. Macy fait ici quelque chose de transcendant. Quelque chose qu’on ne l’a jamais vu faire, dans aucun de ses films. À mesure que son personnage redécouvre la spontanéité et la satisfaction immédiate de ses désirs, il devient raciste et misogyne; il n’a plus la force de contrecarrer les bas instincts qui dormaient en son for intérieur; une fois ôté le carcan de la bienséance insécure, il n’y a plus qu’une bête, dégoûtante..
C’est vraiment un film étonnant de sobriété de la part du réalisateur de Réanimator et autres films du même acabit. C’est court, incisif, dur. Mais c’est bon.
Durée 82 mn environ. Minutes en trop*: aucune.
Je lui donne ½
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(1) Les "" signifient ici les Tupeutla d'Or :
= bon;
= excellent;
= chef d'œuvre;
= presque mauvais;
= nul à chier.
* Durée TGMT estimée pour que le film soit parfait.