N'écoutant que mon esprit de contradiction j'ai finalement décidé de me faire rapidement mon propre avis sur ce film avant d'être pollué par ceux des indésirables:
Un film important pour moi car beaucoup de choses en commun.
Un électrochoc pour couper les ponts avec une famille qu'on sait secrètement d'un autre monde, depuis toujours. Partir pour ne pas revenir. Même époque, presque le même âge à deux ans près. Des mois de nature sauvage qui te met en danger, qui t'apporte les moments de vérité. Retour à la civilisation. Pan dans la gueule, New-York. Mélange de réconfort et de rejet. J'écoutais le 1er album de Pearl Jam dans la casque et c'est Eddie Vedder qui signe la BO.
Des rencontres, furtives mais inoubliables. Par exemple un couple d'une vingtaine d'années, depuis déjà 4 ans dans un petit voilier sur l'atlantique et le pacifique. Ils s'arrêtent pour des petits boulots, remplissent le voilier du nécessaire et repartent. Elle était caissière, ils ont tout plaqué. Sont-ils revenus depuis? Aucune idée mais je ne les oublierais jamais.
L'insouciance de cette expérience de l'inconnu. T'es jeune, t'as tout largué, tout vendu, tu es léger, plus d'attaches. Chaque jour, chaque pas c'est du nouveau. Pourquoi revenir? Dans mon cas j'avais encore quelques défis persos à relever. Et puis pour découvrir encore du livre, du film, de la musique.
Cette année et demi à bourlinguer a changé ma vie. On peut vite sombrer, et il y a un cap où la décision de rentrer un jour ou pas est là et ne se représentera pas forcément. J'ai décidé de rentrer mais de trouver un compromis entre ma route et ma nouvelle sédentarisation.
C'est chose faite. Retour à la stabilité, aux biens matériels. Fin de l'insouciance. De nouveau des choses et des attaches à perdre et la fébrilité qui va avec. Tout ça n'a pas servi à rien. L'approche globale a changé.
Ce film est donc pour moi comme le témoignage le plus récent et le plus proche de nous de ces parcours atypiques, durables ou provisoires. La liberté avant tout le reste. Concrétiser ça au moins une fois dans sa vie pour comprendre certaines choses importantes et non transmissibles.
Into the wild tombe à pic. Il me fait renouer avec cette expérience primordiale à un moment où j'ai besoin d'y puiser de nouveau.
Alors oui le héros croise des gens qui lui apportent des choses différentes et importantes mais sa vérité il va la trouver dans sa solitude, dans cette nature qui va lui montrer qui il est vraiment.
Un film pour me rappeler que si un jour tout me gave durablement et que j'ai échoué dans ce projet de longue date qui m'a fait revenir au pays il sera toujours temps de repartir pour de bon cette fois puisque j'aurais fait de mon mieux dans ce pourquoi je devais me poser.
Pour ceux qui ne sont pas déjà passé par là peut-être simplement une prise de conscience salutaire ou un déclic pour un changement de vie.
Pour certains ça sera peut-être juste de l'ennui pour quelque chose qui ne les concerne pas. Le coté carte postale et dépaysement, rien de plus. Il y a bien quelques tics stylistiques pas forcément utiles mais Sean Penn me parait tellement sincère dans chacun de ses films que ça n'a pas d'importance.
Un des dix films que j'embarque sur une île déserte.
Deux films que je conseille en complément de celui-ci (mais j'en oublie surement):
Jeremiah Johnson
Chamane
La liberté dépression vaincra.